lundi 21 octobre 2019

Les immanquables de 2019...Partie 1





Post-Générique est ENFIN de retour après avoir vu une trentaine de films en salles obscures en 2019.

Et puisque je n'ai pas envie d'attendre le traditionnel top de fin d'année pour vous reparler de Cinéma, revenons en deux articles distincts sur les 7 films qui, à mon sens, ont déjà marqué 2019 d'une belle empreinte. 
On se réserve le véritable top et les notes  /10 pour fin décembre.



Le Chant du Loup



Eh ouais mon petit, on est dans un bon film français. Tu veux ma photo?
“Grandchamp:
Chanteraide: 👀 👀 👀 😍😍😍
”
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Chanteraide: 👀 👀 👀 😍😍😍
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Quoi qu'on dise sur un cinéma francophone toujours bien disposé à nous gaver annuellement d'une bonne centaine de films formatés (à 90% des comédies "fast food") pour plaire au plus grand nombre, il y a toujours bien un moment où une pépite inattendue fait son trou dans les tops annuels.
En l'occurrence, ce moment où un jeune réalisateur (Antonin Baudry) va débarquer avec une déclaration d'amour au cinéma de genre.

Plantons le décor: nous sommes au sein du Titane, un sous-marin nucléaire voguant au Moyen-Orient pour récupérer des troupes larguées à terre pour une mission clandestine. 
En salle de contrôle, le commandant (Reda Kateb) et son bras-droit (Omar Sy) attendent le verdict de leur "Oreille d'Or" (François Civil), un technicien à l'ouïe exceptionnelle chargé d'interpréter chaque son détecté par le vaisseau. Le doute n'est pas permis et pourtant il est là, insoutenable: l'Oreille hésite; est-ce une frégate iranienne ou un leurre qui lui martèle les tympans? Sous pression, il tranche...mais il tranche mal et c'est tout un équipage que son choix met en péril!

Sans en dévoiler davantage, je vous recommande cette expérience hautement immersive.
Hyper crédible grâce à l'usage intensif du vocabulaire appartenant au monde très spécifique qu'est celui inhérent aux sous-marins nucléaires, mais aussi à son contexte géopolitique tendu, Le Chant du Loup est un thriller impressionnant pour une production franco-européenne au budget dix fois inférieur à celui des grosses machines hollywoodiennes.

Antonin Baudry dépeint avec brio l'intensité des relations humaines en milieu confiné sous haute pression, bien aidé par la performance de ses comédiens et par le superbe boulot fourni sur le design sonore et les décors. 

En résulte une oeuvre maligne, parfois grandiloquente mais toujours captivante qui se hisse au niveaux des cadors du genre (A la poursuite d'Octobre Rouge, Uss Alabama,...) et, à l'heure où on peut craindre le chant du cygne du cinéma de genre francophone, Le Chant du Loup rassure énormément.

Conseillé: A ceux qui sont attirés par un thriller qui plonge à 20.000 lieues des sentiers battus.

Déconseillé: A ceux qui comptent zapper le film au bout de 15min sous prétexte de jargon "trop compliqué à suivre". Oui, je vous vois là au fond!



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Parasite


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Portrait de votre blogueur devant les Palmes d'Or cannoises habituelles.

Une Palme d'Or à Cannes, est ce vraiment un gage de qualité? Pour m'être endormi devant plusieurs d'entre elles, je vous en laisserai seuls juges.
Par contre, quand un thriller signé Bong Joon-Ho (Memories of Murder, Mother, The Host,...) se retrouva récompensé, ma curiosité fut piquée au vif.

Et grand bien m'en fut.

Sans trop dévoiler de cet insolite quasi huis-clos, l'intrigue gravite autour d'une attachante famille Kim vivant dans l'entresol d'un immeuble, cohabitant avec les cafards, galérant pour capter le Wi-Fi du café d'à côté,  et sur laquelle l'extérieur pisse sans vergogne, au sens propre comme au figuré. Ils vivotent concrètement en assemblant des boîtes à pizzas.

Mais les Kim sont opportunistes et quand se présente à l'aîné de la famille l'occasion d'aller enseigner l'Anglais à la lycéenne des richissimes Park, il ne la manque pas, sans savoir que ce choix marquera le début de gros ennuis.

Filmant la grande propriété des Park avec un talent qui permet au spectateur de toujours savoir précisément où il se trouve, le réalisateur fait graduellement basculer cette délicieuse comédie vers un thriller dramatique d'une noirceur déstabilisante et subversive.

Seule ombre au tableau, le manque récurrent de finesse de Bong Joon-Ho pour faire passer son message sur la lutte des classes; les pauvres puent et les riches se comportent comme des bouffons pour être sûr que l'empathie ne naisse pas vraiment. Les excès du film finissent par créer en second acte une petite distance entre lui-même et le spectateur alors que la première heure réalisait un sans-faute.
Face à ce grand jeu d'impostures, il y aura deux écoles: les uns se délecteront du côté satirique caricatural limite grand-guignolesque, déjà bien présent dans Okja et Snowpiercer, les autres préfèreront toujours le sérieux et la gravité de Memories of Murder ou encore Mother

Mais tous seront d'accord sur le fait que le cinéaste n'avait jamais encore mis en scène avec une telle précision au service d'une photographie aussi soignée, comme touché par la grâce formelle
Puis, admettons-le, ces ultimes minutes au goût doux-amer ont quelque chose de troublant et paradoxalement réconfortant.

Conseillé: A ceux qui pensent que le cinéma asiatique n'a rien à leur offrir.

Déconseillé: A ceux qui souhaitent voir un thriller à la David Fincher. Ce n'est pas le même type d'ambiance ni de noirceur. 



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Vice

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Bush ne croyait pas si bien dire...


Adam McKay, le réalisateur de The Big Short, est de retour et ne peut toujours pas contenir sa colère envers les institutions brisées de l'Amérique. Il nous raconte ici la vie de l'ancien vice-président des States, Dick Cheney, un politicien réservé mais influent qui métamorphosa un bureau ricain à responsabilités limitées en une machine de guerre surpuissante qui changea la face de leur politique domestique et étrangère, impactant l'économie, les Droits de l'Homme et donc le monde entier.

Christian Bale - ayant une nouvelle fois pris 20kg pour incarner un personnage - joue ledit Cheney qui, au départ, est un jeune alcolo gentiment pressé par son épouse Lynne (Amy Adams) de se reprendre en main et d'entamer une carrière en politique. Il met alors le cap sur Washington D.C. où il devient stagiaire pour Donald Rumsfeld (Steve Carrell), un membre du Congrès républicain dont les ricanements masquent à peine la perversité dans le domaine. 

Dick Cheney gravit les échelons de la Maison Blanche sur plusieurs années, y gagne en expérience et en notoriété jusqu'à ce que le vent tourne: sa santé défaillit. Il décide alors de se retirer dans sa propriété en Virginie et de prospérer dans le secteur privé. FIN... oui mais, et si un certain Georges W. Bush lui donnait un coup de fil pour lui proposer le poste de vice-président des Etats-Unis?

A l'instar d'un certain Richard III (prenons au hasard l'adaptation avec Ian McKellen), Vice décompose avec une acerbe ferveur l'influence que peut avoir une seule et même figure politique, même controversée. 
Et tout comme l'oeuvre de Shakespeare, le film ne cache jamais ses intentions; Vice ne sera pas un film que le public regardera pour sympathiser avec Cheney mais plutôt pour comprendre pourquoi tant de gens le détestent.

De ce fait, Christian Bale , Amy Adams et le reste du casting ont pour délicate mission de conférer une certaine humanité à des personnages qui ne montrent que très peu d'amabilité. 

A ce petit jeu, Adams s'en sort très bien. Sorte de Lady MacBeth (Shakespeare, quand tu nous tiens), elle manipule son monde du mieux qu'elle peut et remet en évidence le fait que "derrière tout grand homme se cache une femme", aussi vicié(e) soit-il(-elle).
Mais lorsqu'elle nous permet d'atteindre le coeur de Dick Cheney, le mal est déjà fait, car Bale passe la plus grande partie du film à camper un personnage qui a vendu son âme au diable et qui fut si grassement payé pour le faire qu'une remise en question semble inenvisagée. 

Et de quelle incroyable manière joue-t-il ce personnage! 
Il rend cet homme totalement crédible alors que s'il s'agissait d'une simple fiction, nous ne pourrions décemment croire en son existence. 
Notre véritable Oscar du meilleur acteur 2019, c'était lui.

Bref, en brisant à maintes reprises le 4ème mur (comme il le faisait déjà dans son moins accessible The Big Short) et en dressant subtilement le parallèle avec la situation actuelle, Adam McKay nous offre un délicieux commentaire politique sans le côté grave et rébarbatif lié au genre. 
Considérer l'une des figures publiques les plus insidieuses et dangereuses de ces 50 dernières années avec un humour aussi caustique n'a pas dû réjouir les instances républicaines mais quoi qu'il arrive, à la fin le Vice vous laissera sans voix.

Conseillé: A ceux qui pensent que tous les films politiques sont soporifiques.

Déconseillé: aux fervents défenseurs des institutions américaines.



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 La Mule



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"Prenez une épargne-pension" qu'il disait...

"Le meilleur film de Clint Eastwood depuis Gran Torino (2008)", une formule digne des phrases d'accroche les plus bateaux qu'on peut retrouver dans toute mauvaise bande-annonce mais cette fois, oui cette fois je vous le dis, on ne vous a pas menti.

Son histoire basée sur le fait divers d'un vieillard toujours très actif - bien qu'au crépuscule de son existence - devant livrer de la drogue pour un cartel mexicain est  engageante, humoristique et (dé)tournée de manière quasi autobiographique puisqu'elle représente avant tout un homme cherchant à expier ses erreurs en tant que mari et père, un rachat que Clint confesse vouloir opérer dans sa vie, lui qui est un bourreau de travail ayant eu assez peu de temps à consacrer à sa propre famille.

Il s'agit d'un aspect d'ailleurs très touchant de cette oeuvre dans laquelle le cinéaste légendaire parvient à insuffler du rythme et du suspense; on se demandera tour à tour si l'homme survivra au cartel et à sa cavale mais aussi s'il pourra se rapprocher de sa famille.
Puisque comme il le dit si bien: " On peut tout acheter, mais je n'ai pu m'offrir du temps".


Dans l'histoire du Cinéma, rares sont les géants à avoir été actifs aussi durablement (Eastwood fit ses débuts à Hollywood il y a 64 ans, il a tourné plus de 80 films depuis) et probablement aucun n'a été en haut de l'affiche aussi longtemps.
Certes, il y eut quelques relâchements, certains films mous voire trop longs, mais La Mule n'en fait pas partie et sa vitalité provient en partie de son chef-opérateur de talent, Yves Bélanger (ayant bossé sur Dallas Buyers Club, Premier Contact,...) ainsi que son scénariste Nick Schenk, déjà auteur du magistral et crépusculaire Gran Torino.

En tout cas, moins rageur et chaleureux que le sus-cité chef-d'oeuvre de 2008, La Mule n'en demeure pas moins particulièrement convaincant dans sa façon de nous transmettre les regrets d'un vieil homme dont l'objectif reste de s'améliorer, même à un âge très avancé auquel certains resteront de têtus ronchons. 
Eastwood continue d'écrire sa légende avec quelques derniers coups d'éclats comme celui-ci. 
Il nous en ferait même oublier son allégeance politique douteuse, ou en tout cas pas franchement  en accord avec sa filmographie d'un humanisme bouleversant.

Conseillé: A ceux qui pensent que Clint Eastwood est déjà enterré.

Déconseillé: A ceux qui attendent un film d'action où les cartels tirent sur les flics avec au milieu de la fusillade un vieil innocent ruiné par ses charges de retraité.



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A SUIVRE...



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