mercredi 27 décembre 2017

2017 en 5 déceptions cinématographiques



Avant le top 5, pas de flop 5 cette année mais plutôt un article sur les films qui ont le plus déçu votre blogueur.


Il ne s’agit donc pas des pires longs métrages que j’ai vus en 2017 mais bien de ceux qui ont été le moins été en accord avec mes attentes.


Silence


"Accroche-toi p'tit gars, on en est qu'à la moitié du film!"


Chaque film de Martin Scorsese est, au même titre que ceux de SpielbergNolan ou Villeneuve, un événément à ne pas louper (me concernant).

La déception fut donc d’autant plus amère en sortie de salle après avoir assisté à une œuvre de 2h41 au rythme bancal, aux scènes répétitives et au message crasseux
En effet, pourquoi nous montrer un prosélytisme catholique aussi toxique si c’est pour clôturer le film sur un:

"Pour les chrétiens japonais et leurs pasteurs. A la plus grande gloire de Dieu."

écrit blanc sur noir en prélude au générique?

On ne demande pas spécialement à Marty de prendre parti mais plutôt d’assumer pleinement ce qu’il dépeint et, tant qu’à faire, de rendre également hommage aux shintoïstes.

Pourtant, le film est très bien réalisé, les acteurs sont convaincants et la photographie met le Japon en valeur. Nous sommes loin du navet.
M’enfin, Scorsese n’en est pas à son coup d’essai en matière de film religieux à remous, souvenez vous de La Dernière Tentation du Christ



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Kingsman: Le Cercle d'or



Parfaite mise en abyme du spectateur face au film.



Aïe aïe aïe, qu’elle semble déjà loin l’excellente surprise que fut Kingsman premier du nom, ce film subversif, barjo et semi-parodique qui intégra facilement mon top 10 de 2015.

Cette fois, on jette toute subtilité par dessus l’épaule pour embrasser complètement le fun et le too much.
Certains ont adoré, d’autres ont détesté, votre serviteur en est ressorti très mitigé.

Certes, les scènes d’action sont toujours bien troussées, surtout celle d’intro, mais depuis quand Matthew Vaughn fait-il du Tarantino ?

L’équilibre quasi parfait qu’il avait trouvé sur l’original se retrouve sacrifié sur l’autel du rire gras, jouant aussi mal avec les clichés Américano-british qu’une certaine comédie le faisait avec les Chinois, Juifs et Arabes.

Bref, Kingsman s’est « Marvel-isé » à mon plus grand désarroi et la force de son propos est on ne peut plus secondaire, aussi dispensable que ses nouveaux personnages pas attachants pour un sou.
Reste un film juste divertissant avec un bon casting (Mark Strong saura même vous toucher), quelques touches d’humour et un Elton John over-the-top.
Dites, on se rematerait pas plutôt le premier Kingsman ?




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Alien: Covenant


" Ce que j'fous dans ce film? Et ta dégaine d'actrice insipide, on en parle? "


Il l’a fait ! 
Ridley Scott a enterré sa création… et autant le dire tout de suite, la cérémonie vous en donnera pour votre argent.

Entre personnages stupides aux réactions défiant tout bon sens, références bibliques hyper appuyées et destruction totale de toutes les bases posées dans Prometheus, on sent que Ridley n’en a plus rien à cirer de sa mythologie et veut juste se faire plaisir en laissant sa créature massacrer de l’humain dans une œuvre qui n’a désormais plus tellement à envier aux illustres Alien VS Predator.

Quel triste constat quand on voit à quel point Ridley Scott reste capable de composer de magnifiques plans et de gérer la tension d’un film, mais ne sait plus reconnaître un mauvais scénario, même s’il le mordait.

Que sauver d’un tel naufrage ? 
Certainement pas le charisme inexistant de Katherine Watherston qui fait honte à l’héritage des femmes fortes de la saga mais plutôt un Michael Fassbender égal à lui-même, toujours très juste, une mise en scène efficace et un suspense qui empêche de regarder notre montre en dépit d’un twist final couillon.

On aurait largement préféré découvrir ce que Neil Blonkamp avait à offrir à la saga, quitte à se planter.  
Au lieu de cela, on laisse Ridley pisser sur son univers jusqu'à nous éclabousser. 
Merci pour ce nanardesque moment.


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Okja



Tilda Swinton c'est Ed Harris au féminin: elle sera toujours la méchante (même quand elle est gentille au début) .


Je vois d’ici les hordes de fans d’Okja se jeter sur moi pour me réduire en charpie mais voilà: je n’ai pas aimé ce qui est pour bon nombre de cinéphiles l’un des films de l’année.
Pourquoi cela ? 
J’ai plutôt envie de vous demander :

- Pourquoi ce « super cochon » ressemble-t-il à un hippopotame ?
- Pourquoi avoir humanisé son regard ?
- Pourquoi les méchants joués par Tilda Swinton et Jake Gyllenhaal sont-ils si caricaturaux et cabotins ?
- Pourquoi cet humour pipi/caca ?
- Pourquoi cette musique à côté de la plaque ?
- Pourquoi tant de messages qui enfoncent des portes ouvertes ?

Car oui, Bong Joon-ho a choisi l’angle de la satire pour nous raconter cette histoire mais cela le dispensait-il d’y injecter un minimum de finesse ?
Okja est pour moi le film le plus surestimé de l’année, une fable grossière que la presse ose comparer à une œuvre du grand Miyazaki.
La promesse était belle mais dénoncer la souffrance animale et le cynisme de l’industrie avec si peu de subtilité, c’est apporter de l’eau au moulin de ceux qui s’en moquent.
Un travail de (super) cochon, en somme.




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Le Sens de la Fête


"Puisque je te dis que t'es pas capable de remplacer Omar Sy!"


On clôture cet amas de déception par ce qui est peut-être la plus inattendue de toutes, compte tenu du talent d’Olivier Nakache et Eric Toledano.

Eux qui figurent parmi les seuls réalisateurs à faire en sorte que les gens se déplacent encore au ciné pour voir des films français se plantent ici en beauté sur leur note d’intention : nous faire rire pendant quasi 2h.
Alors ok, il y a quelques instants drôles mais dans l’ensemble l’humour est médiocre, au mieux convenu, au pire vulgaire.

Au moins, l’immersion est garantie puisque le film paraît aussi long que la soirée de mariage qu’il nous fait vivre !
Un petit exploit que l’on doit à la construction étrange de l’œuvre qui, le cul entre deux chaises, ne sait jamais très bien s’il doit faire rire ou pleurer sur le sort d’un Bacri en mode Droopy.
On suit au final cet organisateur de mariage qui gère ses troupes à la manière d'Astier dans Kaamelott, sauf que celui-ci le faisait avec beaucoup plus de conviction tragicomique et de répliques assassines.

On se retrouve au final devant une comédie chorale orchestrée comme une série de sketches, avec des comédiens en roue libre (Rouve fait du Rouve , Lellouche fait du Lellouche,…), des clichés sur les immigrés  z’avez vu, ils sont quand même doués quand on les laisse faire hein !? ») et une bande originale constituée de jazz et de chansons choisies en jouant à Am stram gram sur la « playlist mariages » de TF1.

L’impression dominante restera celle du goût de trop peu.

A croire qu’Omar Sy est l’atout majeur des deux cinéastes et que son dynamisme et sa justesse manquent cruellement au menu de ce mariage qui souffre d’un déséquilibre rythmique plombant le tempo pourtant indispensable à la réussite d’une comédie. Dommage.






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