dimanche 13 novembre 2016

Coup de gueule/Coup de coeur



Miss Peregrine et les talents particulièrement gâchés.



Votre serviteur comptait à la base vous écrire une tartine à propos de Miss Peregrine et les Enfants Particuliers, prêt à confirmer ce que la presse affirmait dans ses rubriques ciné, à savoir que le grand Tim Burton était enfin de retour avec un nouveau bijou à ne pas manquer. Il n’en sera rien puisqu’au final Miss Peregrine nous donne une preuve supplémentaire du fait que le cinéaste hirsute s’est probablement fait enlever par des Martiens et remplacer par son jumeau nonchalant et caricatural, qui use et abuse de la même recette depuis bientôt 7 ans. Une recette dont les seuls ingrédients neufs ne font qu’apporter un peu plus de mauvais goût à l’ensemble du festin auquel les nostalgiques rêvent encore.

Pourtant, le dernier Burton se défend plutôt pas mal dans ses deux premiers actes avec la présentation réussie de son univers et de ses enjeux, donnant raison à ceux qui s’enflamment sur le retour de leur roi gothique mais le château de cartes s’effondre d’un grand souffle lorsque méchants pathétiques et scènes d’action risibles s’invitent au spectacle, ce qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler le dernier acte du gâchis Dark Shadows.
N’y voyez pas là une critique gratuite et acharnée mais plutôt le cri du cœur d’un fan désabusé pour la 5ème fois d’affilée.
En effet, si Miss Peregrine est assurément un divertissement passable, est-ce suffisant quand il s’agit de Tim Burton aux commandes ?


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le Captain sort de sa "caverne".




Changeons de sujet avec la vraie bouffée d’air frais de 2016, la plus belle surprise de ce millésime jusqu’alors, j’ai nommé Captain Fantastic de Matt Ross, avec notamment Viggo Mortensen et Frank Langella.

Le postulat de départ est simplissime ; depuis l’hospitalisation de sa femme, Ben (Viggo Mortensen) poursuit seul leur plus belle réussite commune : élever leurs 6 enfants au cœur d’une forêt luxuriante, leur inculquant des valeurs anticapitalistes et un respect total de la nature. Pourtant, tout va basculer lorsque l’épouse de Ben décède, obligeant la meute à se rendre en ville pour des funérailles qui s’annoncent comme un choc culturel avec le reste de la famille, bien intégrée à la société.

Balayons d’emblée les doutes d’un revers de la main, Captain Fantastic évite les pièges du film indépendant moralisateur et pas subtil pour un sou. 
Oui, Le recul pris par le cinéaste pour raconter l’histoire et le devenir de cette famille est bluffant ; difficile de dire au final si Ben pourrait prétendre au titre de meilleur père du monde ou si ses méthodes strictes d’éducation évoqueraient celles d'un tyran
Son portrait d’homme solide comportant des fragilités en font un personnage extrêmement touchant, brillamment interprété par un Viggo Mortensen au sommet de son art (peut-être sa meilleure performance d’acteur?). 
Et la troupe d’«enfants» (l’aîné ayant plus de 20 ans) n’est pas en reste, ils bénéficient tous d’un soin particulier et l’on ressent que chacun a été dirigé avec minutie, rappelant au passage le personnage de Ben qui ne laisse aucun de ses enfants pour compte, leur donnant le maximum de son temps afin d’en faire des êtres accomplis, polyglottes, cultivés et athlétiques tels les Enfants Perdus de Peter Pan mais… prisonniers du mode de pensée du pater familias?

Matt Ross nous livre en tout cas une œuvre ambiguë d’une beauté visuelle indéniable. Pour son premier film distribué mondialement il se paye le luxe de donner un coup de pied dans la fourmilière des divertissements écolos un peu trop prompts à nous donner la solution miracle à tous les maux sans questionner les pour et les contre d’une vie dédiée à la nature ; pour exemple, les enfants de Captain Fantastic sont brillants mais n’en demeurent pas moins impolis en société et n’hésitent pas à voler quand leur patriarche leur en donne le signal
Où sont les limites d’une telle éducation ? La vie en marge de cette société qui nous phagocyte dès le plus jeune âge est-elle réellement possible ? Ce Ben n’est-il pas plutôt un Captain Utopian qu’un Captain Fantastic ?
Autant de questions autour desquelles le film laisse le spectateur s’interroger et débattre à sa guise sans pour autant être prise de tête car le long-métrage sait aussi faire naître le rire au détour de situations cocasses mais aussi émouvoir
Ce qui amène d’ailleurs à parler des quelques faiblesses du film ; on pourra évoquer une musique parfois un peu trop présente, un chant qui aurait pu s’arrêter quelques minutes avant ou une fin qui aurait peut-être dû rester dans l’émotion pure plutôt que de jouer la carte du ressort comique
Qu’importe, Captain Fantastic est une œuvre nécessaire, un conte sans morale accablante qui flirte avec la perfection. L’un des films de l’année, tout simplement.

Note :  9,5 /10



Conseillé...
Déconseillé...

    -Aux amateurs de films qui remettent en cause le système sans accabler le spectateur.

     -Aux fans de Viggo Mortensen.

     -A ceux qui pensent que les films d'auteur sont prétentieux et soporifiques.
      

     - Aux autres.
    


Prochaine critique: Snowden


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