"Ton père n'est pas vitrier, nom de %*$#@!" |
Comment ne pas avoir d’attentes
démesurées vis-à-vis de La La Land ?
Le film fut adulé
outre-Atlantique bien avant sa sortie européenne, détenteur de multiples
récompenses et réalisé par Damien Chazelle, un jeune prodige de tout juste 32
ans qui a déjà un grand film à son actif : l’ébouriffant Whiplash (dont je
vous parlais dans mon top de 2015).
Difficile dès lors de ne pas se
monter le chou avant la séance et de partir le plus objectif, ou du moins le
plus neutre possible.
Rapidement, l’œuvre fait sourire
puis déroute, nous laisse perplexe; ok, techniquement on est d’emblée devant
un objet de cinéma assez incroyable avec ses plans-séquences qui donnent le
tournis tant ils sont longs et maîtrisés mais…mais à quoi rime ce premier quart
d’heure? Entre une intro aussi culottée qu’inutile narrativement parlant,
et une présentation de Mia (Emma Stone) nous replongeant dans l’univers
m’as-tu-vu de Baz Luhrmann, on se demande déjà ce qu’il en est du chef-d’œuvre
que la presse nous vendait.
Heureusement, dès l’apparition de
Sebastian (Ryan Gosling) à l’écran, le film se décide à nous raconter quelque
chose de concret : l’histoire d’une rencontre hasardeuse entre deux
rêveurs dont la passion dévorante, du cinéma pour elle, de la musique pour
lui, n’en finira plus de les réunir et de les séparer tant spirituellement que
physiquement sur la voie du succès.
Première bonne surprise :
Ryan Gosling excelle; que ce soit au piano ou à la comédie, l’acteur cesse
enfin de camper son personnage monolithique pour nous offrir l’interprétation
exaltée d’un jeune gars obsédé par le jazz, qui se sent investi d’une
mission : empêcher ce style musical de mourir en ouvrant son propre club.
Evidemment, Emma Stone n’est pas
en reste, dotée d’une très jolie voix et d’un regard ô combien expressif, la
jeune américaine possède le don de polariser toute notre empathie au fil des
auditions loupées de son personnage, et c’est tout naturellement que nait
l’alchimie entre elle et son partenaire, au détour de moments désopilants et/ou
romantiques.
Transportée par une bande
originale envoûtante qui tape souvent dans le mille, l’idylle de Mia et Seb est
parsemée de rêves et de désillusions tout en faisant de nombreuses références aux grands
classiques du genre : certains tableaux font penser à Chantons sous la
pluie ou à West Side Story mais Damien Chazelle met toujours un point d’honneur
à garder le cap sur une œuvre à l’identité propre, très colorée et dynamique, qui
deviendra peut-être à son tour une comédie musicale incontournable.
Pourtant, l’ambition démesurée
du projet trahit parfois la jeunesse de son cinéaste et on regrettera quelques
gimmicks de mise en scène qui prennent l’allure de tics un poil trop présents.
Prenons pour exemple ces instants où la pièce s’obscurcit pour ne laisser en
lumière que le personnage central, cet effet présent au moins cinq fois à
l’écran finit par lasser.
Aussi, en essayant de jouer la
carte de la sobriété lors de la dernière audition de Mia, le réalisateur ne
parvient malheureusement pas à nous émouvoir, peu aidé par une chanson
larmoyante assez médiocre comparée au reste des brillantes compositions de Justin Hurwitz.
Néanmoins, l’émotion nous prend
au collet lors d’un final dont la force n’a pas grand chose à envier au
prologue de Là-Haut (oui, ce film d’animation qui vous a fait fondre en larmes
dès ses premières minutes) et aurait pu faire, à lui seul, l’objet d’un sublime
court-métrage.
Bref, on pourrait palabrer des
heures durant sur ce qui est objectivement un très bon film ou, très
subjectivement, un beau moment (imparfait) de cinéma.
Quoi qu’il en soit, Damien
Chazelle donne le la (la Land) en ce début 2017 et, même si son talent brut
risque d’exploser bien plus fort avec le poids des années et de la maturité, il
nous livre déjà une comédie musicale d’une profondeur rarissime.
Une œuvre qui fait appel à nos rêves et
surtout aux sacrifices nécessaires à leur accomplissement, et qui délivre son
message avec une justesse imparable.
Note : 8,5 /10
Conseillé...
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Déconseillé...
|
-Aux amateurs de films originaux.
-A ceux qui apprécient un minimum les films
où "ça chante" de temps en temps.
-A ceux
qui veulent suivre avec attention le parcours du jeune Damien Chazelle après
son épatant Whiplash.
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-A ceux qui attrapent de l'urticaire en
écoutant du jazz.
-A ceux qui n'ont pas du tout de fibre romantique.
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