Il faut dire qu’après un soporifique Cartel et un très moyen
Exodus, on pouvait se douter que le dernier des frères Scott était en train de
sombrer.
Il est d’ailleurs difficile de comprendre pourquoi le
bonhomme de 77 ans enchaîne sur le rythme effréné d’un film par an depuis 2012
alors qu’en vieillissant on est plutôt censé ralentir la cadence dans le but de
proposer un boulot toujours inspiré et inspirant. Succomberait-il aux affres de
la sénilité ? Le résultat à l’écran le laisse penser.
Pourtant, c’est avec une tonne de critiques positives en
tête qu’on se décide tout de même à assister au nouveau "grand film" de
Ridley.
Vous lirez donc à plusieurs adresses que Seul sur Mars est
un chef-d’œuvre, qu’il est le meilleur film spatial de la décennie et que le
film plaît même à la NASA...toutefois, vous ne lirez nulle part à quels montants
s’élèvent les pots-de-vin attribués aux critiques ciné pour écrire des âneries
pareilles, ça non.
Objectivement, la première partie de l’œuvre a tout pour
séduire, l’imagerie est très léchée et les cadrages sont aussi anxiogènes que
flatteurs pour nos rétines. La mise en place est rapide et les (maigres) enjeux
vite posés : Il faut (encore) sauver le soldat Ryan…pardon, Matt Damon.
Celui-ci étant laissé pour mort sur la planète rouge par un équipage déjà sur
le retour depuis quelques temps. « Impossible » de faire demi-tour et
la prochaine mission part de la planète bleue dans 5 ans. Bref, nous allons
assister à la survie du valeureux Matt, alias Mark Watney, jusqu’à l’arrivée
providentielle des secours.
Ce qui frappe en premier lieu, c’est le ton léger de Seul
sur Mars ; il y a décidément beaucoup d’humour dans ce long-métrage, ce qui apporte de prime abord une certaine fraîcheur à l’ensemble.
Mark Watney est blagueur et vanne à tour de bras en consignant ses faits et gestes en format vidéo dans son journal de bord. L’aspect ludique de ses péripéties prend vie devant nos yeux ravis et la survie de l’astronaute nous captive jusqu’à ce que les premières incohérences pointent le bout de leur nez. Le spectateur averti glisse doucement de son état amusé à celui de la perplexité quand les réserves d’oxygène de Mark Watney deviennent soudainement illimitées, lui permettant même d’en consommer à foison dans le but, notamment, d’établir un champ de patates autour duquel il ne faut une nouvelle fois pas trop se poser de questions (reste à espérer que tout est mieux expliqué dans le bouquin d'Andy Weir ici adapté…).
Mark Watney est blagueur et vanne à tour de bras en consignant ses faits et gestes en format vidéo dans son journal de bord. L’aspect ludique de ses péripéties prend vie devant nos yeux ravis et la survie de l’astronaute nous captive jusqu’à ce que les premières incohérences pointent le bout de leur nez. Le spectateur averti glisse doucement de son état amusé à celui de la perplexité quand les réserves d’oxygène de Mark Watney deviennent soudainement illimitées, lui permettant même d’en consommer à foison dans le but, notamment, d’établir un champ de patates autour duquel il ne faut une nouvelle fois pas trop se poser de questions (reste à espérer que tout est mieux expliqué dans le bouquin d'Andy Weir ici adapté…).
Mais le film devient franchement embarrassant quand on finit
par se rendre compte qu’il ne s’y passe vraiment pas grand chose et que les
ficelles hollywoodiennes deviennent tellement grosses qu’elles masquent
totalement l’aspect dramatique du film. Une fois la partie
« survival » évacuée - Mark Watney n’a pas l’air de trop mal se
débrouiller et ne souffre aucunement de la solitude à l’écran,
donc pourquoi s’en soucier ? - tout devient bancal, de la raison de débourser des millions de dollar pour sauver un botaniste au fait que les communications Terre-Mars
marchent encore mieux que quand tu chattes avec ta Maman depuis les States
alors que la planète rouge se trouve à des centaines de millions de kilomètres
d’ici, en passant par une alliance improbable entre Chinois et Américains pour
sceller le sort de l’astronaute abandonné.
Ainsi, au bout de son premier acte, le film ne sait clairement
plus où donner de la tête, tel un ado en pleine crise identitaire, Seul sur
Mars ne parvient plus à choisir s’il doit être sérieux, humoristique ou
palpitant et fait dès lors trop de concessions pour plaire à tous et surtout
aux Américains, caressés dans le sens du poil jusqu’à l’irritation.
Le tout est bien sûr agrémenté d’un ramassis de clichés tels
qu’on en avait plus vu depuis Armageddon (un bon plaisir coupable qui ne pétait
pas plus haut que son fondement, lui) ; on pense notamment à la chargée de
communication qui prend les mauvaises décisions pour notre héros du moment que
l’image publique soit sauve, l’étudiant en astrophysique bordélique qui va
trouver LA solution ultime pour la NASA, sans oublier un directeur général
tiraillé du début à la fin, gentil mais inutile et enfin un équipage composé de membres qui
culpabilisent tellement qu’ils seraient prêts à défier toute autorité et à
sacrifier leurs vies (parfaites, évidemment) pour ramener Watney.
Cerise sur le gâteau, on n’en peut décidément plus des scènes
d’applaudissements à répétition dans la salle de contrôle du centre spatial,
quand elles ne s’étendent pas au monde entier.
Oui, la dernière œuvre de Ridley Scott est lisse comme une
peau de marmot, même le personnage principal semble dépourvu de failles ; doté
d’un courage sans limite et n’ayant visiblement peur de rien, comment mesurer
l’ampleur d’un personnage s’il ne possède pas la moindre faiblesse? N’est-ce point
là la base de tout drame relativement bien construit ? Le casting, lui,
fait ce qu’il peut pour insuffler de l’émotion à l’ensemble mais l’étincelle ne
prend jamais sur les terres arides de Mars.
A l'humble avis de votre serviteur, Seul sur Mars se trouve à des années-lumière
des superlatifs lus dans la presse à son sujet. Le cinéaste
britannique nous propose des films de plus en plus brouillons et son dernier opus
ne fait que confirmer cette tendance ô combien décevante de la part de l’un des
plus grands réalisateurs de sa génération. Passer après Interstellar (et/ou
Gravity pour ceux qui l'apprécient) n’était décidément pas une sinécure et ce coup
dans l’eau martienne ne fait que l’illustrer.
Note : 4/10
Conseillé...
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Déconseillé...
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- A ceux qui ont juste envie de poser leur cerveau à l'entrée de la salle pour voir un mec survivre en bousillant la science.
- A ceux qui aiment les clichés américains vieux de 20 ans.
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- A ceux qui ont déjà vu un bon film spatial, tout simplement.
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En rentrant de ma semaine de vacances, je voulais prendre quelques infos ciné. Après un petit tour sur les sites généralistes, je n'arrivais pas à trouver un avis vraiment argumenté sur ce film. Du coup, une petite voix m'a soufflé à l'oreille : "Et si Chris avait sorti sa critique ?" Résultat : un clic sur Post-Générique, et la réponse était là, devant mes yeux, limpide. Un beau foutage de gueule comme on en a l'habitude. Ma lanterne est éclairée. Merci une nouvelle fois l'ami !
RépondreSupprimerQuelle brillante idée que de passer sur le blog en rentrant de vacances !
RépondreSupprimerHaha merci à toi Clem, ça fait toujours plaisir, porte-toi bien ;).