"S'il vous plaît, dessine moi un mouton." *Quand le mystère est trop impressionnant, on n'ose pas désobéir* |
Comment ne pas être intrigué par ce projet atypique qu’est l’adaptation du Petit Prince ? Best-seller parmi les best-sellers, le chef-d’œuvre mondialement reconnu d’Antoine de Saint-Exupéry a longtemps fait partie de ces romans inadaptables en véritable long-métrage.
Mais c’était sans compter sur la
ténacité de l’équipe française d’Onyx Film qui aura mis pas moins de 9 ans à
adapter cette fable universelle, une composante temporelle étroitement liée aux
difficultés à rassembler le budget et les idées nécessaires à la mise sur pied
d’un film d’1h46, finalement réalisé par le talentueux cinéaste Mark Osborne
(Kung Fu Panda).
C’est
donc sous un angle tout neuf que Le Petit Prince est abordé ici puisqu’il s’agit
d’une histoire dans une histoire…celle d’une petite fille dont le quotidien est
dirigé par une mère obsédée par la perfection, voulant faire de son rejeton une
personne parfaitement parfaite, menaçant sans même s’en rendre compte ce qu’il
y a de plus fondateur dans une vie : l’enfance.
Cependant,
la rencontre de son nouveau voisin, un vieil aviateur excentrique, viendra
chambouler le quotidien de cette gamine qui, au fond, ne demande qu'à rêver.
Et
c'est là que les scénaristes se permettent une astucieuse mise en abyme
puisque le vieux bonhomme n'est autre que la représentation animée de
Saint-Exupéry, son rôle étant de faire
découvrir à l'enfant l'histoire du Petit Prince et de l'emporter dans son monde
fait de rêve et de poésie, l'éloignant ainsi de ce monde d'adultes d'une
austérité anxiogène.
A l'écran, la
différence entre réel et imaginaire s'étend jusqu'à l'utilisation de deux techniques
d'animations complètement différentes; ainsi, Le Petit Prince nous est narré
sous forme d'un conte en « papier mâché », dont le rendu sublime doit
tout à la fascinante technique de la stop motion qui rend pleinement justice au
formidable roman adapté ici.
Le corps du film,
lui, prend vie sous forme d'images de synthèse plus classiques qui, sans être
mémorables, demeurent efficaces. Ne perdons pas de vue que, si un budget de 60
millions de dollars paraît colossal pour une production franco-américaine, c'est tout de
même trois fois moins que le dernier Pixar !
Il convient dès
lors de se demander si Mark Osborne n'aurait pas dû optimiser l’utilisation de
son budget en prenant la voie du long-métrage en 2D, entrecoupé de ces
magnifiques phases en « papier maché », pour un résultat peut-être
plus homogène en terme de qualités visuelles, qui sait… mais il faut (hélas ?)
toujours composer avec les impératifs des studios qui se doivent de nourrir nos
chères têtes blondes aux technologies dernier cri.
Quoi qu'il en soit,
la magie opère pendant les deux premiers tiers du film, les thématiques liées
au refus d'oublier la candeur de l'enfance ne révolutionneront certes pas le Cinéma mais sont abordées avec justesse et émotion, bien aidées par un casting
vocal en grande forme (mention spéciale à André Dussollier) et un rythme
agréable, Mark Osborne se permettant de distiller dans son récit quelques
touches d'humour qui raviront à la fois petits et grands.
Le dernier tiers du
film a par contre de quoi laisser songeur, voire perplexe; jouant la carte du
risque narratif, le metteur en scène se détourne du récit originel pour nous proposer
une suite aux aventures du Petit Prince, une fin de parcours audacieuse qui ne
manquera certainement pas de fâcher les puristes mais qui aura au moins le
mérite de pousser un peu plus loin encore les questions abordées par le conte
dans sa version papier (mâché ou non) et font finalement de cette oeuvre un objet personnel,
avec une interprétation propre à son réalisateur (made in Hollywood), qui prend
une tournure d'aventure à l'américaine un poil trop mainstream sans
cependant piétiner toute la poésie initiée par « Saint-Ex » puisqu'il
s'agit au contraire de la faire revivre dans le coeur de chacun.
Bref, Le Petit
Prince est un très bon film d'animation. On ne saura jamais s'il aurait reçu l’approbation
de son mystérieux auteur-aviateur mais on en ressort avec le sourire et le
sentiment que le pari (osé) est globalement réussi.
Un aspect visuel
plus léché ainsi qu'une fin moins proche des standards hollywoodiens aurait
certainement permis à Mark Osborne de tenir là son chef-d'oeuvre mais ce voyage
pétri de nobles intentions fait tout de même mouche et l'enfant en nous se
prend à rêver d'un monde arraché à sa tristesse par la puissance créatrice de
l'imagination et le refus catégorique d'entrer dans des cases toutes faites,
des cases devenues...des cages.
Note : 8/10
Conseillé...
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Déconseillé...
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- Aux petits et aux grands (enfants :).
- Aux amateurs d'animation en stop motion.
|
- Aux puristes hardcore.
- A ceux qui ne voient bien qu'avec les yeux... ;)
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Toujours au top tes critiques !
RépondreSupprimerMerci bien ;).
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