On reprend un menu 3 services spécial cinoche avec une petite rétrospective
du mois de février qui vient de s’achever. C’est pas faute d’avoir voulu jouer
les prolongations cette année mais goodbye February, à la prochaine !
Nous disions donc un menu 3 services hélas sans Spotlight, qui sera vu sous peu, mais avec :
Le Garçon et la Bête
"Le style ne doit faire qu'un avec l'idée, comme le sabre avec la main." |
Friand de découvrir de nouvelles japonaiseries (et non
« niaiseries »), votre serviteur s’est presque précipité en salle pour découvrir la nouvelle réalisation de Mamoru Hosoda, lui qui commence
sérieusement à se faire un nom dans l’animation après La Traversée du Temps,
Summer Wars et Les Enfants Loups, tous auréolés de succès critique et public.
Certains s’enflamment et vont même jusqu’à déclarer qu’on
aurait trouvé en Hosoda le digne successeur de Miyazaki.
Mais en faut-il vraiment un, d’abord? Pourquoi fabriquer un héritier
à chacun quitte à traîner dans la boue le caractère unique de l’aîné?
D’autant que les œuvres d’Hosoda et Miyazaki n’ont pas grand
chose en commun. Certes, le premier quart d’heure du Garçon et la Bête nous
fait penser au Voyage de Chihiro pour cette découverte d’un monde inconnu
peuplé de créatures humanoïdes et, dans un premier temps, hostiles mais Hosoda
se démarque par son désir de raconter un récit initiatique où il faut combattre
le mal par le mal. Nous sommes donc très loin des vertus pacifistes du cinéma
de Miyazaki.
Le Garçon et la Bête nous offre pourtant quelques fulgurances de
poésie et de rigolade mais son dernier quart ne pourra malheureusement pas
contredire le public considérant les animes japonais comme étant « bruyants et
violents » tant l’œuvre s’enlise dans une confrontation finale reprenant
tous les poncifs du dessin animé pour adolescent à la Naruto alors que le
long-métrage laissait présager d’une issue plus subtile et moins manichéenne jusqu’alors.
Le film reste un bon moment de cinéma et demeure par instants un bijou d’animation mais le style d’Hosoda manque parfois de finesse et
d’unicité, sans pour autant être avare en thématiques intéressantes. Un
cinéaste à suivre, donc.
Note : 7/10
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Deadpool
"...or not." |
Deadpool est drôle, Deadpool est bien joué mais Deadpool
reste écrit comme un Marvel classique, avec les orteils.
D’accord, le personnage tente de casser les codes aussi bien
qu’il brise le 4ème mur mais se moquer des super-héros et du passé
d’un acteur ne fait pas de Deadpool un film si différent de la masse ; en
effet, tous les clichés de l’industrie Marvel sont présents : du méchant juste
très méchant à la demoiselle en détresse en passant par la transformation physique
décuplant les facultés sans oublier l’acolyte vanneur et « l’origin
story » mettant en place la création du costume ainsi que les premières
maladresses du héros. On pourrait presque s’amuser à cocher chaque point du
cahier des charges à mesure que les actes défilent, et ce peu importe le montage
éclaté et la narration utilisant d’innombrables flash-backs. On se demande dès lors pourquoi Ryan Reynolds crie sur tous les toits que Deadpool a mis 11 ans à
voir le jour tant le scénario du film est pauvre, aussi maigre que ses seconds
rôles…à peine esquissés.
L’œuvre est souvent comparée au cinéma de Matthew Vaughn
(X-Men First Class, Kick-Ass, Kingsman,…) sauf que celui-ci est capable de
jongler entre ses personnages sans en laisser un seul pour compte, il est aussi
bien plus habile pour se moquer des clichés tout en les dynamitant.
Bref, ce pastiche reste le moment satisfaisant du dimanche
soir, un one-man show drôle et gras comme il faut mais décevant au regard de la promesse du film frais et réellement subversif qu’il était censé être.
Si vous êtes en quête d’un Marvel différent et déroutant,
optez plutôt pour l’excellente série Daredevil lancée par Netflix en 2015.
Note : 6,5/10
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Zootopie
Qu'est-ce que Zootopie?
Le voici le voilà, le premier bijou de 2016, j’ai
nommé Zootopie, un film d’animation qui revêt à la fois les qualités de la
fable, de la comédie et du polar. Comment ne pas rester pantois d’admiration
devant le dernier-né du studio aux grandes oreilles? Décidément plus
talentueux dans son département d’animation que dans celui des films
« live », Disney nous livre effectivement son meilleur film
animé depuis 20 ans (hors Pixar, bien entendu).
Comment ne pas craquer pour ses personnages hauts en
couleur, apportant cette énorme dose d’humour souvent liée à leur condition
d’animaux anthropomorphes mais aussi une réflexion plus profonde qu’il
n’y paraît sur le « vivre ensemble ». Car oui, Zootopie est le reflet
implacable d'une société qui promet monts et merveilles aux plus jeunes mais
peine à cacher la misère et la xénophobie qui en émanent tous les jours un peu
plus.
Une fois n’est pas coutume, un Disney résonne avec l’actualité et met à l’épreuve nos préjugés tout en questionnant nos qualités humaines
dans un monde exclusivement animalier tel que le faisait l’illustre Jean de La
Fontaine.
Ce Disney n’est autre que Zootopie, une merveille que vous auriez tort de manquer.
(Léger bémol cependant pour le double emploi de la chanson de Shakira)
Note : 9/10